L’ermite
11 juin 2015
Il était une fois une tribu qui vivait dans la vallée. Lorsqu’il pleuvait, les membres s’abritaient, lorsqu’ils avaient faim, ils mangeaient.
Ce qui était chez eux un vrai sujet de raillerie, c’était un ermite qui vivait en haut d’une colline escarpée, impossible à escalader.
Parce que ces peuples possédaient une belle voix, ils gardaient la possibilité de parler avec l’anachorète. Parfois, l’ermite disait des choses incompréhensibles, cela les faisait beaucoup rire.
"Il y a d’autres peuples au delà de la vallée, sur des montagnes lointaines, il y a des neiges qui ne fondent pas en été, et lorsque le temps est clair je vois que la rivière se jette dans une immense étendue d’eau".
Ils avaient beau regarder autour d’eux, ils ne voyaient pas cela. Par contre il pouvaient observer l’ermite qui était fait comme eux : il mangeait, déféquait, et la seule chose qui le différenciait en dehors de son altitude, c’était qu’il subissait plus violemment le froid, la chaleur et les pluies. Quel imbécile disaient-ils, il fait le malin en parlant de choses imaginaires que personne ne comprend et il est plus sensible aux tourments de la vie. Même en faisant un effort d’imagination, aucun ne pouvait voir ce que l’ermite voyait clairement.
Lorsque l’ermite fût plus âgé, il comprit que ce n’était pas la peine de parler à ceux de la vallée de ces merveilles hors de leur portée. Il se mit à n’échanger avec eux que des propos qu’ils pouvaient comprendre. À partir de ce moment, ceux de la vallée le trouvère plus sympathique, toujours un peu fou de vivre la haut, mais au moins ils pouvaient parler des mêmes choses.
L’ermite lui, se sentait encore plus seul, pourtant il avait plus d’amis depuis qu’il taisait les merveilles qu’il était seul à voir. "Mais, peut être il y a t il d’autres personnes comme moi sur les montagnes alentour ?" Se disait-il et il reprenait espoir.
Parfois, un voyageur passait dans la vallée pour donner des nouvelles d’autres vallées. Il était aussitôt considéré comme un savant par la tribu à qui il disait des choses compréhensibles et se moquait lui aussi de l’ermite sur son promontoire. "S’il était comme nous il redescendrait, ce n’est pas un savant, il ne peux pas voir des choses que personne d’autre ne voit, nous sommes tous faits pareil. Il se croit supérieur parce qu’il est la haut alors qu’il vit plus difficilement que vous, en quoi est-il supérieur ? Pour être savant, il faut avoir les pieds sur terre. Ce n’est qu’un original".
Un jour, blessé continuellement d’être rejeté par ses pairs, l’ermite partit. À la recherche d’autres comme lui, et s’il n’en trouvait pas, peut être pourrait-il monter plus haut encore, sur des montagnes plus élevés que lui seul pouvait voir. Il le fit discrètement pour ne pas rencontrer ses frères et risquer d’être retenu par eux, loin de la beauté du monde, loin du ciel, loin de l’air si léger et du silence apaisant où les pensées peuvent vivre et construire.
Dans le village, on trouva que la vie sans l’ermite était bien plus confortable. On fit pourtant quelques statues le représentant. Cela faisait de la vallée un endroit spécial, avec une histoire amusante. Cela donnait une identité, et beaucoup de villageois pouvaient ainsi se revendiquer “originaux” par appartenance à la vallée… mais dans la limite du raisonnable.
Seuls certains enfants sentaient qu’ils avaient perdu quelque chose, mais cela passerait avec le temps et une bonne éducation.
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