JPP-Ummo

JPP et les Ummites

Je suis tombé sur une histoire incroyable : l’affaire des Ummites. Cette falsification a pourtant amené un scientifique à faire de vraies découvertes. Plusieurs réflexions philosophiques émergent de ce sujet.

Jean-Pierre Petit et les Ummites.

8 mai 2016

Je suis tombé il y a plusieurs semaines sur un ensemble d’informations concernant une histoire incroyable : l’affaire des Ummites.

Cela dure depuis des dizaines d’années et je suis étonné de ne m’y être jamais intéressé auparavant.
Pour résumer, des extraterrestres qui se nomment eux-même les Ummites, seraient venus nous rendre visite et certains se seraient installés dans la plus grande clandestinité, en se mêlant toutefois à la population humaine dont on ne les distingue extérieurement pas.
Dans leur volonté de nous étudier, ils auraient écrit voire téléphoné à un ensemble choisi de personnes dans le monde entier. Etablissant une correspondance dans laquelle ils exposent une partie de leur savoir sur la navigation spatiale, leur planète, leur écriture leur société et leur religion.

Et puis Patatras ! L’inventeur de cette magnifique falsification, un espagnol nommé José Luis Jordán Peña, avoue avoir créé cette histoire de toutes pièces, aidé de plusieurs amis.
Mais ça n’arrête pas la machine, et c’est là que je trouve personnellement que les choses deviennent de plus en plus intéressantes.
Les correspondances continuent, et des membres de la CIA (certains disent même du KGB) contactent notre maître farceur, ayant eu l’idée d’en faire une expérience sociologique à l’échelle planétaire, avec des buts différents selon les nouveaux acteurs, mais toujours sous le sceau du secret.

Est-ce aussi une falsification s’adressant aux premiers falsificateurs ?
Je n’ai pas encore suffisamment creusé ce sujet, surtout que la falsification est maintenant établie, mais il existe une bonne littérature pour ceux qui s’y intéresseraient.
Par contre, j’ai lu pas mal de réactions de mes contemporains et j’en ai même recueilli de vive voix.
Il était temps que la science établisse que les humains ont autant de neurones dans l’abdomen que dans le cerveau, cela permet de mieux comprendre ce qui est utilisé en priorité pour réfléchir à notre époque. C’est aussi là que le concept de l’affaire des Umites devient passionnant.

Reprenons les hypothèses de base :

  • Tout est vrai, il s’agit bien d’extraterrestres, et celui qui dit avoir inventé la manipulation le fait pour, soit se faire de la publicité, soit pour remettre un couvercle de confidentialité sur ce secret. Mais nous savons maintenant que cette hypothèse ne tient pas.
  • L’affaire est effectivement une falsification à l’échelle planétaire, organisée à la base par José Luis Jordán Peña, et lui ayant échappée pour être relayée par d’autres falsificateurs.
  • La CIA qui aurait continué la falsification de José Luis Jordán Peña, voire aurait payé ce dernier pour poursuivre son œuvre en lui passant des informations à transmettre.

Dans le premier cas, maintenant exclus d’une origine extraterrestre, l’idée de base était de faire sur les humain une expérience sociologique dont seuls les Ummites avaient les clefs. Dans le troisième cas, il s’agit aussi d’une expérience sociologique.
Dans le deuxième cas, il s’agit d’une énorme farce sans but défini, mais ayant échappée à son initiateur. De cette seconde hypothèse, il est intéressant de voir ce qui s’est passé sur le plan sociologique face à cette manipulation.

En fait, dans les trois hypothèses principales de base (je vous fait grâce des sous-hypothèses) on peut réellement définir des résultats d’une gigantesque expérience sociologique. On peut y évaluer :

  • La crédulité des destinataires, et dans quelle mesure cet aspect est augmenté par loyauté, par la notion de secret et d’appartenance à un groupe d’élus.
  • La capacité de garder ou dévoiler un secret en fonction de l’équilibre entre le besoin de reconnaissance personnel, du groupe ou public.
  • La capacité à choisir les source d’informations crédibles selon l’image que l’on préfère avoir de soi. D’où découlent la capacité à entretenir une théorie du complot gouvernemental et la maintenir, grâce à des hypothèses pourtant faciles à démonter "lorsque c’est nécessaire". (J’espère que cette phrase sera comprise comme je l’entends, avec ses implications).

De façon macroscopique, on peut définir statistiquement :

  • La loyauté envers un groupe et sa hiérarchisation par rapport à son pays.
  • La capacité à garder ou transmettre une information secrète.
  • La crédulité et les moyens de la rendre plus efficace, même face à des preuves contradictoires.

Ces points sont très intéressants pour ceux qui se posent des questions sur le terrorisme, les sectes et leurs mécanismes de recrutement. Comme quoi, ce ne sont pas forcément les moins intelligents qui sont les plus exposés. D’ailleurs, je me suis moi-même posé la question de savoir ce que j’aurais fait si j’avais été destinataire. (Je préfère garder la réponse pour moi 😉 )

Dans toute cette histoire, j’ai trouvé un cas particulièrement intéressant, une "pépite" : Jean-Pierre Petit, un scientifique de renom complètement à part.
Voilà qu’il reçoit lui aussi des lettres et coups de téléphone Ummites. Mais au lieu de "choisir son camp" de crédule ou non, Jean-Pierre Petit décide d’analyser le contenu des informations transmises. Ce scientifique se fait conspuer et ridiculiser par des pairs et des bons à rien dans des émissions de télévision, alors qu’il dit lui-même n’avoir aucun à-priori sur l’origine extraterrestre ou non de ces communications.
Ce qui est extraordinaire, c’est que Jean-Pierre Petit joue le jeu et décide d’inférer sur les données présentes dans les lettres. Cela lui vaut de se mettre à l’apprentissage des domaines scientifiques qui lui manquent pour construire et publier très rapidement des théories originales et fonctionnelles.
Destin terrible d’un homme honnête qui fait des découvertes originales grâce à des textes fantoches qu’on l’accuse de croire, alors qu’il ne se prononce pas sur leur véracité mais uniquement sur les informations et inspirations qu’il en a tirées.

Bon, alors… pour ma petite poignée d’inconditionnels qui m’aiment assez pour me lire jusqu’au bout, Quel est l’intérêt de cette publication ? Comme ce n’est pas évident pour tous, je vous livre la réponse pré-mâchée pour une fois.

Toute expérience mérite qu’on s’y intéresse. Qu’elle soit positive ou négative bien sûr, mais même une information fausse ou de pure fiction peut vous apporter de façon indirecte une lumière et un déclic sur une connaissance unique qui sommeillait en vous.
Ne choisissez par à priori un "camp" émotionnel pour analyser, mais réfléchissez, confrontez-vous à l’information honnêtement pour l’intégrer comme si vous la viviez vous-même, et même si les données sont fausses, regardez quels sont les liens cognitifs qui vous permettrons de découvrir d’autres choses.
Nous vivons dans un monde d’illusions et pourtant nous pouvons tirer des choses utiles et applicables de certaines expériences illusoires. Sans être crédules dans le sens négatif du terme, restons ouverts car le savoir émerge autant des expériences validées que de celles qui ont échoué. Quand on cherche son chemin, un panneau indicateur de la bonne direction sera aussi utile que celui qui indique la direction opposée.
Bon, j’arrête, l’idée générale est donnée… Mais je suis bavard.

Concernant l’histoire de Jean-Pierre Petit, cela me rappelle une histoire que m’a racontée plusieurs fois une amie très chère.

Il existait au Tibet un faux moine qui prétendait avoir atteint l’éveil d’un Bouddha. Cette réputation grandissante lui permettait d’être accueilli partout, nourri, choyé, doté, bref, la belle vie. Sa réputation fût telle qu’un jeune vrai moine érudit décida d’aller voir ce faux moine pour prendre auprès de lui des enseignements de sagesse.
Un jour enfin, il se rencontrèrent et le jeune moine très heureux, demanda au faussaire de lui donner un enseignement.
Le faux moine, totalement ignorant des enseignements véritables du Bouddha, et se sentant donc incapable de donner un enseignement valable décida de faire tomber sa couverture, il se prosterna aux pieds du jeune moine en signe de contrition et lui dit : "Oooh ! Il n’est pas plus grand mal que l’ignorance !"
Le jeune moine prit cette phrase pour un enseignement précieux et atteignit lui-même l’éveil d’un Bouddha.

De même, Jean-Pierre Petit a eu la capacité de faire des découvertes même à partir de données fausses… Admirable ! Et honte à ceux qui l’ont ostracisé.

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